6 janvier 2012
Débat intéressant à suivre sur le forum de l'Ogcn
Aiglon de Platine
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Citation:
Ton jugement et celui de Siblet sur Louis XVI me paraît faux, injuste et partial. Des historiens de tous bords lui rendent d'ailleurs justice depuis une trentaine d'années et essaient de revenir sur l'historiographie républicaine qui s'est attachée pendant 200 ans à le faire passer pour un idiot attardé et inculte, sans cesse fourré dans ses serrures ou ses horloges. "L'histoire est écrite par les vainqueurs" disait Brasillach (dont, je te rassure, je n'ai aucun ouvrage chez moi, mais dont cette citation me paraît particulièrement pertinente). Louis XVI était au contraire un roi particulièrement cultivé, amoureux de son pays, loin d'être hermétique à toute réforme. Il a manqué sans doute de roublardise politique et de fermeté à l'égard de la grande noblesse qui est la vraie responsable, avec une bourgeoisie trop heureuse de bousculer à son profit l'ordre établi, de la rupture avec le peuple (si tant est qu'à l'époque, il y ait eu effectivement une rupture entre Louis XVI et son peuple), de la disparition de la monarchie et du clash sanglant qui s'en est suivi. Surtout Louis XVI a souffert du fait qu'il n'a pas voulu être Roi. Et c'est à travers cet élément, le principe monarchique prend tout son sens et toute sa valeur. Avec nos yeux d'aujourd'hui, on a tendance à associer au pouvoir privilèges, fastes, richesse, passe-droits. L'histoire et la personnalité de Louis XVI viennent mettre en lumière tout l'aspect responsabilité, charges, indisponibilité, inaliénabilité. Je ne suis pas en train de te dire que les rois qui se sont succédés ont tous été des saints désintéressés mais juger la monarchie dans son ensemble en oubliant les éléments que je viens de te citer conduit à mon sens à avoir un jugement seulement partiel de ce régime politique. A l'inverse, l'histoire récente nous montre que la démocratie et surtout le système électif sont loin d'être un frein au clientélisme, à la gabegie ou à l'enrichissement personnel. Je ne vais pas rentrer dans le détail des sources pour appuyer mon argumentation mais je permets juste de te mettre un lien vers le testament de Louis XVI, particulièrement éclairant si l'on veut bien passer outre le côté désuet de certaines formules et se remettre dans le contexte de l'époque (http://fr.wikisource.org/wiki/Testament_de_Louis_XVI). Je peux ajouter en référence un docu-fiction, "Louis XVI, l'homme qui ne voulait pas être roi" particulièrement bien fait et passé récemment sur France 2. Il présente assez bien la personnalité complexe de Louis XVI et l'enchaînement des faits. On est loin de la présentation manichéenne qui gouverne encore aujourd'hui l'histoire officielle, de l'école primaire aux facs d'histoire. Sur tes autres arguments concernant l'arbitraire, l'iniquité, les inégalités, je me permets également de formuler rapidement une objection. D'un point de vue strictement philosophique, en quoi le pouvoir dynastique d'une seule personne serait-il plus inique et plus injuste que le pouvoir de la majorité sur la minorité. La démocratie est-elle par essence un garde-fou contre l'arbitraire, l'injustice ? Je n'en suis pas absolument sûr et le problème est qu'en plus, on confond souvent régime politique et contexte historique. J'aurais encore beaucoup à dire sur ce point mais j'essaie de rester suffisamment incomplet pour échapper à une citation sur le blog du Régent (et à vrai dire, j'ai pas trop le temps). A propos des exemples de monarchies modernes que tu cites, ils ne me paraissent pas particulièrement opportuns : la Belgique est un état artificiel qui a une existence relativement récente sur l'échelle de l'histoire de l'Europe et si elle n'a pas encore totalement implosé, on peut considérer que la présence d'un Roi en est une des raisons. Sur l'Espagne, il me semble que le contexte, pour d'autres raisons, est également totalement différent de celui de la France puisque il y a historiquement une forte autonomie régionale en Espagne qui a toujours été un frein à son unité. Il y a un point sur lequel je te rejoins cependant : dans l'état actuel de la société et compte tenu de la disparition progressive des élements qui étaient attachés à la monarchie (souveraineté, religion...), il est absolument inenvisageable qu'un Roi puisse revenir sur le trône (au passage, selon les règles de dévolution de la couronne, et même si tout le monde s'en tape, les Orléans n'ont aucune légitimité à réclamer quoi que ce soit, si ce n'est le bannissement pour le régicide commis par leur ancêtre). Donc en gros, je viens de perdre du temps pour rien . Bon, l'argumentaire est incomplet, j'ai pas forcément répondu à tout (mais je pourrais) mais je suis prêt à continuer à discuter même si je manque un peu de temps. Au plaisir . |
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