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JEAN-MARIE BERNARD 2012
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JEAN-MARIE BERNARD 2012
6 janvier 2012

Débat intéressant à suivre sur le forum de l'Ogcn

Aiglon de Platine
 
 
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Citation:
Posté par Tavan Voir le message
Je m'apprêtais à répondre et je vois que Siblet à déjà exposé tous les points mieux que moi :

- arbitraire total de l'institution ("pourquoi lui plutôt que moi") effectivement quand on sait la couche que se tenait Louis XVI on se dit que le premier con venu aurait aussi bien fait l'affaire. Et je n'ai jamais bien compris d'où une quelconque famille royale tirait sa légitimité, encore moins celle de renouveler indéfiniment son pouvoir à travers sa descendance. Le comble de l'iniquité selon moi.
- injustice : procès et emprisonnement arbitraires et farfelus jalonnent toute l'histoire de la monarchie
- aberrations économiques & sociales avec dépenses somptuaires d'un côté et famines de l'autre...etc...

Bref on pourrait passer la nuit à développer tous les points qu'on ne risque pas de regretter. C'est assez évident pour tout le monde.

Ensuite, pour reprendre encore Siblet, les derniers rois n'auraient jamais accepté de parlement, donc j'élimine l'hypothèse d'une monarchie absolue qui aurait survécu jusqu'à aujourd'hui (de toutes façons si elles ont toutes disparu, ce n'est pas juste le fait du hasard.)

Reste l'hypothèse de la monarchie parlementaire comme ailleurs en Europe.
Qu'est-ce que ce modèle apporterait à la France ?
Faisons un focus sur l'aspect "incarnation de la nation" prêté au roi, puisqu'il s'agit de l'argument de L'Aigle.

Je suis bien d'accord sur le constat qu'il n'existe ni projet ni sentiment d'appartenance collective à quelque chose aujourd'hui dans ce pays, et que ça ne l'aide certainement pas à avancer.
Néanmoins, je ne crois pas qu'un roi, "incarnation de la nation" pourrait y changer quoi que ce soit.

1. d'abord parce parce que ce régime ayant connu une rupture historique de plus de deux siècles, l'investiture d'un prétendant "légitime" (genre Louis XX ou un autre clown d'Orléans) ressemblerait à un parachutage totalement artificiel. Ces gens-là ne signifient plus rien pour personne.
Autant choisir un nouveau roi. Mais comment ?

2. Jetons un regard sur le Royaume d'Espagne pour se faire une idée :
- des catalans qui n'ont rien à foutre de l'Espagne et encore moins du roi
- des basques qui s'en tapent le sexe par terre
- tout le sud mis à l'index par les autres régions, comme le mezzogiorno italien.
Bref, en matière d'unité nationale et de reconnaissance dans une "incarnation de la nation" que serait la figure du roi, on a vu mieux.
Je vous fais grâce du cas de la Belgique perpétuellement au bord de l'explosion, et qui est pourtant menée par un roi.

3. Comme le disait le Régent, la monarchie est construite sur une pyramide Peuple < Roi < Dieu.
Ce Dieu-là ayant déserté le paysage français aujourd'hui, on se demande un peu de quoi le roi serait la courroie de transmission.

4. Pour voir le roi comme une incarnation de la nation, encore faut-il soit même faire partie de cette nation. Visiblement, la majorité de la population musulmane dans ce pays s'en détache de plus en plus.
Beaucoup ne se disent eux-mêmes pas français.
En quoi la présence d'un roi y changerait quoi que ce soit ? Pour quelle raison verraient-ils en lui autre chose qu'un boloss en redingote ?

Pour ces raisons et pour beaucoup d'autres, je crois hélas que ce n'est pas un roi qui changerait la donne.

Je concède un point important : une personne devra bien incarner l'espoir, le changement, le courage, la vertu...bref tout ce qu'on voudra voir dans le porteur du pouvoir. Je crois que ce pays a toujours exprimé son potentiel en étant piloté par de grandes figures tutélaires (Napoléon, De Gaulle...) et cela sera sans doute encore le cas.
Grâce à un roi ? J'en doute.
Je m'autorise à essayer de te répondre car le débat m'intéresse particulièrement mais ADC le fera sans doute mieux que moi. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de "marcher sur ses plates-bandes".

Ton jugement et celui de Siblet sur Louis XVI me paraît faux, injuste et partial. Des historiens de tous bords lui rendent d'ailleurs justice depuis une trentaine d'années et essaient de revenir sur l'historiographie républicaine qui s'est attachée pendant 200 ans à le faire passer pour un idiot attardé et inculte, sans cesse fourré dans ses serrures ou ses horloges. "L'histoire est écrite par les vainqueurs" disait Brasillach (dont, je te rassure, je n'ai aucun ouvrage chez moi, mais dont cette citation me paraît particulièrement pertinente).

Louis XVI était au contraire un roi particulièrement cultivé, amoureux de son pays, loin d'être hermétique à toute réforme. Il a manqué sans doute de roublardise politique et de fermeté à l'égard de la grande noblesse qui est la vraie responsable, avec une bourgeoisie trop heureuse de bousculer à son profit l'ordre établi, de la rupture avec le peuple (si tant est qu'à l'époque, il y ait eu effectivement une rupture entre Louis XVI et son peuple), de la disparition de la monarchie et du clash sanglant qui s'en est suivi.

Surtout Louis XVI a souffert du fait qu'il n'a pas voulu être Roi. Et c'est à travers cet élément, le principe monarchique prend tout son sens et toute sa valeur. Avec nos yeux d'aujourd'hui, on a tendance à associer au pouvoir privilèges, fastes, richesse, passe-droits. L'histoire et la personnalité de Louis XVI viennent mettre en lumière tout l'aspect responsabilité, charges, indisponibilité, inaliénabilité. Je ne suis pas en train de te dire que les rois qui se sont succédés ont tous été des saints désintéressés mais juger la monarchie dans son ensemble en oubliant les éléments que je viens de te citer conduit à mon sens à avoir un jugement seulement partiel de ce régime politique. A l'inverse, l'histoire récente nous montre que la démocratie et surtout le système électif sont loin d'être un frein au clientélisme, à la gabegie ou à l'enrichissement personnel.

Je ne vais pas rentrer dans le détail des sources pour appuyer mon argumentation mais je permets juste de te mettre un lien vers le testament de Louis XVI, particulièrement éclairant si l'on veut bien passer outre le côté désuet de certaines formules et se remettre dans le contexte de l'époque (http://fr.wikisource.org/wiki/Testament_de_Louis_XVI). Je peux ajouter en référence un docu-fiction, "Louis XVI, l'homme qui ne voulait pas être roi" particulièrement bien fait et passé récemment sur France 2. Il présente assez bien la personnalité complexe de Louis XVI et l'enchaînement des faits. On est loin de la présentation manichéenne qui gouverne encore aujourd'hui l'histoire officielle, de l'école primaire aux facs d'histoire.

Sur tes autres arguments concernant l'arbitraire, l'iniquité, les inégalités, je me permets également de formuler rapidement une objection. D'un point de vue strictement philosophique, en quoi le pouvoir dynastique d'une seule personne serait-il plus inique et plus injuste que le pouvoir de la majorité sur la minorité. La démocratie est-elle par essence un garde-fou contre l'arbitraire, l'injustice ? Je n'en suis pas absolument sûr et le problème est qu'en plus, on confond souvent régime politique et contexte historique. J'aurais encore beaucoup à dire sur ce point mais j'essaie de rester suffisamment incomplet pour échapper à une citation sur le blog du Régent (et à vrai dire, j'ai pas trop le temps).

A propos des exemples de monarchies modernes que tu cites, ils ne me paraissent pas particulièrement opportuns : la Belgique est un état artificiel qui a une existence relativement récente sur l'échelle de l'histoire de l'Europe et si elle n'a pas encore totalement implosé, on peut considérer que la présence d'un Roi en est une des raisons. Sur l'Espagne, il me semble que le contexte, pour d'autres raisons, est également totalement différent de celui de la France puisque il y a historiquement une forte autonomie régionale en Espagne qui a toujours été un frein à son unité.

Il y a un point sur lequel je te rejoins cependant : dans l'état actuel de la société et compte tenu de la disparition progressive des élements qui étaient attachés à la monarchie (souveraineté, religion...), il est absolument inenvisageable qu'un Roi puisse revenir sur le trône (au passage, selon les règles de dévolution de la couronne, et même si tout le monde s'en tape, les Orléans n'ont aucune légitimité à réclamer quoi que ce soit, si ce n'est le bannissement pour le régicide commis par leur ancêtre). Donc en gros, je viens de perdre du temps pour rien .

Bon, l'argumentaire est incomplet, j'ai pas forcément répondu à tout (mais je pourrais) mais je suis prêt à continuer à discuter même si je manque un peu de temps.

Au plaisir .
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Vieux Aujourd'hui, 21h43   #626
l'Aigle des cieux
Ratapignata killer
 
 
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Avant de tenter de développer ma réplique aux messages qui m'ont été adressés cette nuit, je tiens à te remercier du fond du coeur, Sanfrois, et ne souffre aucune jalousie de te voir marcher sur mes plates-bandes puisque se sont, je le constate, aussi les tiennes et que tu n'as pas à rougir non plus, bien au contraire, de la façon dont tu défends notre patrimoine.

Un grand merci aussi à Tavan et Siblet de nous donner l'occasion de ratiboiser toutes les fables que la République instille dans nos cerveaux depuis deux siècles.
Elle est au commande, c'est donc de bonne guerre de sa part que de triturer le passé à son avantage, et qu'elle institution vertueuse ce serait si elle était capable, sinon de vanter, seulement de reconnaître les mérites et les vérités de la Royauté. Non, ne rêvons pas trop sur ce point...

Un millénaire d'absolutisme ?

Un mythe. N'importe quel historien, avec ou sans étiquette, mais un temps soit peu honnête, sera forcé de reconnaître que si réunion de tous les pouvoirs entre les mains d'un seul homme il y a eu, ce fut uniquement, et encore de façon très relative, entre celles de Louis XIV.
Parfaite illustration de cela, les Mérovingiens. Tout le monde sait que la plupart d'entre-eux, bien que jouant à la perfection leur rôle de berger, d'incarnation, ne régnaient pas, les affaires d'état revenant aux maires du palais, espèce de super premier ministre capable de faire des miracles, comme à Poitiers...
Le plus actif demeure sans doute Pépin de Herstal, père de Charles Martel et grand-père de Pépin le Bref, premier roi carolingien de l'histoire.
Pour prolonger l'exemple tout en rebondissant sur l'ouverture de mon intervention, saviez-vous que l'expression "Rois fainéants" ou encore la chanson "le bon roi Dagobert", dont le règne a pourtant été des plus exemplaires, ont été inventées sous les Carolingiens pour ridiculiser les Mérovingiens ?
A mille ans d'intervalle, les dynasties et les institutions se succèdent toujours avec autant d'objectivité à l'attention de leurs prédécesseurs...

Ensuite, cessons là l'anachronisme !

Pensez-vous sincèrement que la bobine royale se serait déroulée pendant près d'un millénaire et demi sans interruption si elle avait été des plus néfastes pour le peuple et, surtout, si celui-ci n'y avait pas trouvé son compte et ses aises ?
Je connais des réunions de personnes qui aujourd"hui se finissent en suicide collectif pour bien moins que ça !

Imaginons une seconde que l'un d'entre-vous, par un hasard purement cosmique, tombe sur une faille spacio-temporelle derrière laquelle se promène un sujet de Philippe Auguste.
Une main sur le coeur et l'autre sur votre bible, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, vous allez lui hurler, en larmes :
Dans mes bras, malheureux, c'est la providence qui m'envoie te délivrer !
S'il est poli, il va d'abord vous demander de lui décrire votre monde, après quoi, s'il ne s'est toujours pas évanoui, il va vous conseiller d'aller gentiment vous faire voir, vous le démon, avec votre enfer sur terre.
Pourtant, pour vous, c'est lui le malade et son pays l'enfer sur terre, et pour peu que vous vous appeliez Maximilien R., que vous soyez bourgeois, juriste, franc-maçon, que vous ayez des posters de Rousseau et Cicéron plein vos murs, peut-être alors franchirez-vous la porte dans l'idée de le guérir avec dans vos poches le mode d'emploi du génocide vendéen et le " attiser la jalousie d'une branche cadette à votre avantage" pour les nuls.
 
 
Petit recadrage important, en passant.

Dans son histoire récente, la France a connu, eh oui, une Monarchie parlementaire, celle dite de juillet, qui comme son nom ne l'indique pas dura quand même de 1830 à 1848.
En contribuant au renversement de Charles X comme son père, le régicide Philippe Egalité, avait orchestré celui de Louis XVI, Louis-Philippe 1er, unique d'Orléans intronisé de l'histoire, reste surtout le premier et dernier roi de la Révolution, ce que refusera de devenir, quelques années plus tard, fort logiquement d'ailleurs, le légitime comte de Chambord.
Louis-Philippe s'approprie le drapeau bleu-blanc-rouge, élève le coq en symbole de la nation et laisse le ministre Guizot et sa bande aux manettes de l'état.

Après la branche, on touche ici au plus gros point de divergence entre Légitimistes et Orléanistes, les premiers prônant un retour à la tradition de droit divin, avec ou sans parlement, quand les seconds laissent une place centrale à ce dernier.

Là, je vais répondre à votre fameuse question, ce qui mettra probablement en lumière la raison pour laquelle nous ne nous convaincrons jamais mutuellement.

Pourquoi lui et pas moi ?

Justement parce que c'est lui et non moi !

Dès son plus jeune âge, le souverain légitime, s'il est bien né, est façonné pour sa tâche, il sait qu'il n'en aura pas d'autre, il a conscience du poids pharaonique qui pèse sur ses épaules, du message séculaire et intergénérationnel que chacun de ses atomes a pour devoir de faire passer à la postérité.
Qu'il se plante et c'est l'édifice tout entier de l'unité nationale qui s'effondre.

A la frontière pyrénéennes, on raconte qu'on entend encore les hurlements de terreur du futur Philippe V, petit-fils de Louis XIV, arraché à ses frères et catapulté du jour au lendemain roi d'Espagne par un célèbre testament alors qu'il n'est encore qu'un adolescent.
Le souvenir que son règne a laissé aux historiens étant des plus flatteurs, on peut penser qu'il aura serré les dents et tenu son rôle de phare jusqu'au bout, dignement.

Vu sous cet angle, la place paraît-elle toujours aussi bonne et le jeu aussi aisé, la mission toujours aussi séduisante et à la portée de n'importe quel quidam ?

Aujourd'hui où notre identité, la plus durable d'Europe dans le temps, est continuellement bafouée par des fumiers de sociologues qui résument la France à une page sans cesse blanche, on se doit d'avoir un minimum de respect pour ces vies sacrifiées au nom de cette famille-nation que nous n'aurons jamais la chance d'effleurer.

Mais non, le peuple dieu préfère inspirer une élite constellée prête à se rabaisser toujours plus pour lui ressembler et ainsi avoir une chance de renouveler ad-vitam son portefeuille.
Regardez les familles autour de vous ; il n'y a plus de mère, plus de père, plus d'enfants, plus de respect, plus de savoir, que des individus éclatés et nivelés au niveau de la fange.
L'inversion et l'écrasement des flux cérébraux depuis longtemps commencés et jamais achevés...

Jadis, c'était pour chacun un honneur presque naturel que de s'inspirer du roi, de fonder une dynastie qui fasse écho à la sienne, du moins schématiquement et à sa propre échelle.
En s'inspirant du modèle, inconsciemment, le peuple s'unifiait.

Siblet, toi qui me parle d'Ernest Rénan, je t'offre de lui cette citation en conclusion, non sans t'avoir au préalable rappelé que toutes les victoires que tu cites s'achèvent une poignée d'années plus tard dans les mornes pleines de Waterloo :
 
Citation:
Le jour où la France coupa la tête à son roi elle commit un suicide
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